Comment identifier les petits signes précurseurs d’avenir ?

« Gérer c’est prévoir. » Alors comment anticiper les évolutions pour mieux les accompagner? Dans le brouhaha, comment identifier les signes qui annoncent de réelles transformations? Il est possible d’anticiper les changements en étant à l’écoute des signes faibles précurseurs. Pour mener son travail de veille et de prospective, voici quelques pistes entendues dans l’émission « Rue des entrepreneurs » de Didier Adès et Dominique Dambert sur France Inter : « Ces petits signes précurseurs d’avenir »

– Hugues de Jouvenel, Délégué général de Futuribles :

Quels que soient les signes, à l’avance, il est impossible de la certitude de leurs effets. Il faut donc envisager différents scénarios. Le travail de veille et de prospective restent les meilleurs moyens d’anticiper.

A tort, la veille s’attache le plus souvent à des variables dures. Ces dernières ne sont pas toujours justes et surtout pas toujours les plus déterminantes. Certaines variables molles sont beaucoup plus significatives dans l’évolution de la société. Par exemple, la confiance, la volonté d’aller de l’avant, la dynamique sont des facteurs importants, pas toujours rationnels et difficilement quantifiables.

La question de la difficulté sociétale au travail est rampante depuis les années 70. De signal faible elle passe signal fort cette année. Par exemple Wallmart aux Etats-Unis ne travaille plus qu’avec des producteurs qui ont signé leur charte de responsabilité sociétale. Aujourd’hui, la demande de sens dans la consommation, et dans la politique est très forte.

Il faut avoir conscience que l’on fonctionne avec son propre système culturel et de pensé. Nous avons chacun tendance a voir et retenir les informations qui vont dans le sens de notre vision. Et inversement. D’où l’intérêt de rencontrer des gens différents et de prendre du recul.

– Charles Wassmer, Fondateur de L’œil prospectif :

Chaque époque a ses emblèmes. Avec le temps, elles évoluent et passent. L’automobile hier, l’iPhone aujourd’hui. La sacralisation de la consommation évolue vers plus de sens et d’émotion. On passe de l’économie de l’avoir à celle de l’être.

Les frontières, hier bien marquées sont en train de se recomposer : gratuit/payant, réel/virtuel, service/produit.

Tous les secteurs de consommation en crise aujourd’hui ont orienté la consommation des trente dernières années et ont une clientèle dont la moyenne d’âge est plutôt élevée 50-57 ans : Automobile, presse, syndicats, partis politiques. Les sensibilités générationnelles passent. On peut parler de révolution culturelle de la valeur économique.

– Michel Ladet, Vice-Président de Sociovision :

Dans le passé la plus grosse erreur d’anticipation a concerné l’émancipation des femmes qui a été sous évaluée. A ce jour, à cause de la crise les gens restent chez eux. Ils en sortent virtuellement par Internet à travers les réseaux sociaux tels que Facebook, les sites de vente en C2C.
Socovision utilise une méthode de travail qui repose sur 3 approches :
– L’observation des milieux intellectuels dans le monde (livres…) pour identifier les idées nouvelles de remise en cause.
– L’interrogation des gens dans leur milieu de vie.
– L’observation des conséquences de la loi des grands nombres, soit la transformation par la propre inertie des phénomènes massifs. Par exemple Facebook qui passe de 0 à 12 millions de visiteurs en quelques années.
Cette science n’est pas exacte et laisse passer des signaux. Sociovision a notamment mal exprimé l’évolution vers le monde tactile utilisé par l’iPhone.
La chine, par sa culture, observent mieux les signaux. Ils ont tendance à mieux combler le vide entre les sujets dit prioritaires et l’absence de conséquences réelles soit en entre ce que nous voulons et nous faisons.

L’observation des usages et des comportements nouveaux permet l’innovation. C’est le cas notamment de L’Oréal qui a inventé le gel après avoir vu des jeunes en boite de nuit se coiffer avec leurs doigts.

– Philippe Cahen, Consultant en innovation, Observateur des Signaux faibles :

Il est important de se poser des questions sur ce qui se passe autour de soi et d’en faire des projections. La veille c’est savoir ce qui se passe, l’éveil c’est voir plus loin.
La difficulté d’anticiper vient aussi du fait qu’il peut se passer une chose et son inverse.
Un observateur des signaux faibles a pour but d’aider l’entreprise à faire ses choix en lui permettant de mesurer ses risques. La question du timing est aussi primordiale pour l’entreprise, comme pour le politique, qui peut être trop en avance. C’est le cas, par exemple de la Smart qui a connu des débuts difficiles.

En entreprise, l’innovation émerge d’avantage par la prise de risque dans un coin que par la ligne hiérarchique classique.

– Denis Muzet, Sociologue spécialistes des mots, Président de Mediascopie :

Les mots ne sont pas neutres. Mediascopie publie des mapping du vocabulaire médiatique. Il confirme la progression du qualitatif par rapport au quantitatif. « Solidarité » et « croissance verte » sont les termes qui rassurent.
Le mot « réforme » est toujours ambivalent. Il contient a la fois réorganisation et mise en forme avec du lien qui n’est pas toujours garanti. Dans un contexte de peur tout changement radical est perçu comme plus menaçant que rassurant. Paradoxalement le politique n’a jamais autant été attendu pour réguler face à la crise et en même temps il connait une baisse de confiance qui n’a jamais été aussi forte en un an.

La veille et la prospective restent les meilleurs moyens d’anticiper et d’accompagner au mieux le changement. Pour cela, il faut entretenir la curiosité, l’écoute et l’observation, sortir de ses habitudes et cheminements de pensé, s’interroger sur les causes et faire des projections. Nous devons être attentifs aux différents signaux et imaginer toutes les pistes possibles. Certains resterons faibles, d’autre deviendrons majeurs.

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